Les déchiré(es)
Ca y est, je les ai commencées. Il faut dire que cela faisait quelques semaines que l'idée me trottait dans la tête. Le marouflage ne me suffisait plus il fallait que je commence à déchirer. Evidemment ce n'est pas facile de se décider à déchirer son travail, ça commence comme une destruction mais très vite il y a reconstruction. Alors j'ai essayé avec un dessin auquel je ne tenais pas vraiment ("déchiré(e) 1"). Finalement quel plaisir de déchirer , de froisser, de coller. Et puis le résultat me plaisait. J'ai donc renouvelé l'expérience mais cette fois avec des dessins destinés dès le départ à cette "destruction-reconstruction". Et voilà c'est parti, j'espère que ce n'est que le début d'une grande série.
Maintenant la question est de savoir pourquoi ces déchirures. Comme d'habitude je me suis laissée entraîner par une sorte de nécessité, j'ai commencé ce travail sans savoir ce que j'allais exprimer à travers lui. Il fallait juste que je le fasse. Mais déjà en regardant ces premières expériences quelques clés de lecture me viennent à l'esprit. Bien sûr au premier regard l'image peut paraître violente, comme ce corps de "déchiré(e) 3" qui semble vouloir se protéger, se crisper et finalement éclater sous des coups venant de l'extérieur. Oui, j'assume cette volonté de décrire les épreuves qu'endurent les femmes, les violences, les maladies, les douleurs qui les brisent dans leur corps et dans leur âme.
Mais c'est aussi l'image qui est déchirée, l'image d'un corps, l'image d'un corps sur une affiche, l'image d'un corps qui se montre. Et voici de nouveau la question du regard qui se pose. Le corps exposé au regard se brise-t-il? Le regard posé sur le corps est-il destructeur?
Mais peut-être faut-il briser cette image, peut-être y-a-t-il autre chose derrière ce corps, autre chose à l'intèrieur, qui cherche à sortir, cette chose qui un jour brisera la carapace et s'exprimera librement. Peut-être est-ce une éclosion plutôt qu'une destruction. Peut-être y a-il dans ces oeuvres plus d'espoir que l'on ne l'imagine à première vue. Oui, j'en suis certaine quelque chose doit sortir, je ne sais pas encore quoi ni sous quelle forme, il faut encore que je travaille...