A propos des nus -suite-
Depuis que je peins mon sujet de prédilection est le nu féminin. Mais il m'était impossible jusqu'à présent de comprendre ce que j'exprimais à travers la représentation du corps féminin. Contrairement à ce que beaucoup de gens ont pu penser, je ne représente pas l'objet de mon désir, loin de là. J'ai encore bien du mal à expliquer qu'il me soit si nécessaire de représenter ce sujet. Bien sûr dès le début j'ai ressenti une sorte de proximité avec mon sujet. La plupart de mes modèles sont mes amies, je connais leur histoire, me sens proche d'elles. Ce sont aussi des modèles tirés des oeuvres des grands maîtres du passé que j'admire. Mais peu à peu je commence à comprendre que mon travail va au-delà de la simple représentation du corps féminin.
Tout d'abord il y a eu, lors d'une exposition, ce lapsus d'une visiteuse, qui ayant du mal à supporter toute cette nudité exposée m'a dit n'aimer que les tableaux de fleurs, de paysages, d'animaux bref tout ce qui est vivant. En peignant des nus je représenterais donc des cadavres! Bien sûr que non, mais j'ai commencé à comprendre que la représentation du corps nu n'est pas du tout anodine. Pour moi qui suis issue de l'histoire de l'art, qui ai baigné dans la statuaire antique, dans les différents courants de peinture où tout était prétexte à représenter la nudité, c'était un choc. Et puis je me suis souvenu que dans l'imagerie du moyen-âge les seuls nus que l'on pouvait voir étaient les représentations des âmes. Et je me demande s'il n'y a pas quelque chose à fouiller de ce côté.
Une autre étape vers la compréhension de ma démarche a été une réflexion plus intime. Née en 1968, j'appartiens à une génération qui a été élevée dans une société qui se libérait dans ses comportements dans ses moeurs, dans sa sexualité. Le corps ne devait plus être un sujet tabou, au contraire, il était facile, voire même de bon ton de le montrer dans sa nudité. Bizarrement, il m'est devenu plus facile, à l'adolescence et au jeune âge adulte, de montrer mon corps que d'exprimer mes sentiments. Cela a bien sûr donné lieu à des dérives, des excès, des incompréhensions et des frustrations. Et lorsque je vois mes tableaux, ces corps jeunes mais déjà froissés, plissés abîmés je me demande si finalement ce n'est pas une façon de dénoncer les ravages que les regards posés sur le corps peuvent faire à l'âme. Une mise en garde pour toutes ces adolescentes, ces femmes jeunes et moins jeunes qui se montrent pour exister aux yeux des autres mais surtout pour avoir la preuve à travers le regard de l'autre de leur propre existence. Mais on oublie souvent que le regard peut avoir un pouvoir tout aussi destructeur que la parole. Se dénuder c'est aussi se mettre à la merci de regards négatifs, de jugements de valeur, d'incompréhension, de dégoût ou de désir.Et lorsque l'on n'est pas préparé à cela les dégâts peuvent être terribles. Finalement le corps et l'âme me semblent très liés et lorsque l'on blesse l'un, l'autre est atteint tout autant.
Tout d'abord il y a eu, lors d'une exposition, ce lapsus d'une visiteuse, qui ayant du mal à supporter toute cette nudité exposée m'a dit n'aimer que les tableaux de fleurs, de paysages, d'animaux bref tout ce qui est vivant. En peignant des nus je représenterais donc des cadavres! Bien sûr que non, mais j'ai commencé à comprendre que la représentation du corps nu n'est pas du tout anodine. Pour moi qui suis issue de l'histoire de l'art, qui ai baigné dans la statuaire antique, dans les différents courants de peinture où tout était prétexte à représenter la nudité, c'était un choc. Et puis je me suis souvenu que dans l'imagerie du moyen-âge les seuls nus que l'on pouvait voir étaient les représentations des âmes. Et je me demande s'il n'y a pas quelque chose à fouiller de ce côté.
Une autre étape vers la compréhension de ma démarche a été une réflexion plus intime. Née en 1968, j'appartiens à une génération qui a été élevée dans une société qui se libérait dans ses comportements dans ses moeurs, dans sa sexualité. Le corps ne devait plus être un sujet tabou, au contraire, il était facile, voire même de bon ton de le montrer dans sa nudité. Bizarrement, il m'est devenu plus facile, à l'adolescence et au jeune âge adulte, de montrer mon corps que d'exprimer mes sentiments. Cela a bien sûr donné lieu à des dérives, des excès, des incompréhensions et des frustrations. Et lorsque je vois mes tableaux, ces corps jeunes mais déjà froissés, plissés abîmés je me demande si finalement ce n'est pas une façon de dénoncer les ravages que les regards posés sur le corps peuvent faire à l'âme. Une mise en garde pour toutes ces adolescentes, ces femmes jeunes et moins jeunes qui se montrent pour exister aux yeux des autres mais surtout pour avoir la preuve à travers le regard de l'autre de leur propre existence. Mais on oublie souvent que le regard peut avoir un pouvoir tout aussi destructeur que la parole. Se dénuder c'est aussi se mettre à la merci de regards négatifs, de jugements de valeur, d'incompréhension, de dégoût ou de désir.Et lorsque l'on n'est pas préparé à cela les dégâts peuvent être terribles. Finalement le corps et l'âme me semblent très liés et lorsque l'on blesse l'un, l'autre est atteint tout autant.